y'a comme un air de fête
Depuis quelques jours, on sent bien qu'il va se passer quelque chose de particulier ici.
Les boulevards, les rues et le bâtiments principaux ont fièrement arborés de grands drapeaux marocains. Les enfants jouent à nouveaux dans les rues car les écoles ont fermé leurs portes. La gare routière est noire de monde. La circulation est devenue encore plus difficile que d'habitude et slalomer entre les estafette, les camionnettes, les mobylettes et autres pétrolettes relève presque du prodige. Trouver une place de parking à proximité du grand Socco est quasi impossible. Se frayer un chemin dans les ruelles de la médina et aux abords du marché central ressemble un peu à un parcours du combattant tant il y a de monde.
En ce samedi après midi 5 novembre, l'animation est à son comble. Les étals débordent de marchandises: fruits, légumes, épices mais aussi braseros, grilles de barbecue, piques à brochettes... On ne peut pas ne pas remarquer la présence d'une multitude de rémouleurs qui ont installés leurs meules à aiguiser ici et là.
Avec ses bottes de foin, trimballées dans des charrettes de fortune ou entassées au coin des rues, la ville a pris un air de campagne. Toutes sortes de planches et de morceaux de bois sont entassés sur les placettes. Cabas sous le bras, sacs en plastique à la main, les passants sont souriants et les enfants blagueurs....
Oui, Tanger comme toutes les villes, tous les villages marocains se prépare pour le grand jour. L'Aid El Kebir. En France, on dit habituellement "la fête du mouton". Même si, (et c'est le moins qu'on puisse dire) , il ne pas être à la fête, le mouton. Le commerce lié à l'Aid génère une manne financière. Pensez donc, plus de 7 millions de bêtes vendues pour une recette de plus de 7 milliards de dirhams dans le Royaume.
Les moutons sont vendus dans les quartiers populaires périphériques et même, sur les parking des supermarchés. Les plus malins s'improvisent vendeurs. Le jour, ils installent les moutons en plein air sur les trottoirs et la nuit, ils les rentrent dans des garages qu'ils louent pour l'occasion.
L'Aid el Adha (autre nom de la fête du mouton) est placée sous le double signe du sacrifice. Sacrifice du mouton évidemment mais aussi sacrifice pour les familles qui d'ordinaire arrivent à peine à joindre les deux bouts. L'Aid est une source de dépenses élevées et bon nombre de personnes s'adresseront à un parent, un ami , leur employeur ou même à leur banque pour y faire face et pour pouvoir se procurer le mouton tant convoité.
Une fois acheté, le mouton est ramené à la maison. Même quand le foyer est modeste, on trouve une place pour l'animal : la terrasse, le garage, le balcon. Jusqu'au jour J, il sera nettoyé, nourri et caressé.